Supplique

Georges Brassens´in Supplique on ollut, ja on edelleen, puhuttelevimpia Sète´stä kotoisin olevan ja sinne haudatun mestarin lauluista. Forssan pojat Mika ja Turkka Mali ovat vuosia sitten tehneet suomenkielisen version Anomus hautapaikasta samaan sävelmään, tosin levyllään tai muuallakaan mainitsematta plagiaattinsa alkuperää. Mutta suomennos on niin hyvä, että voitaisiin antaa coccyxlaisten armon käydä oikeuden edellä.

Ystävä sinua, käyn tässä kiittämään
Viikatemies, valmiina niittämään
Tulossa kaukaa luokseni on

Vaikkakin olla voi tää liian aikaista
Anomus tässä ois´hautapaikasta
Näin toivoo sielu rauhaton

Ruumiini rannalle merien tuotakoon
Muistoksi malja, kaksikin juotakoon
Maan syleilyyn laskettakoon

Hienossa hiekassa viimeinen pesä ois´
Rannalla missä ikuinen kesä ois´
Lomalla siellä aina oon

Rannalla sillä jos sattuisi tuulemaan
Äänesi vielä pystyisin kuulemaan
Tuuli sen kaukaa luokseni tois

Soitto ja laulu kun iltaisin heläisi
Sieluni silloin mukana eläisi
Menneestä ehkä unelmois

Auringon suojaa jos luonto ei tarjoais
Istuta puu, se oksillaan varjoais
Säteiltä kuuman auringon

Ystävät siellä janoonsa joisivat
Mukanaan tietysti kitaran toisivat
Raikuisi laulu loputon

Aallot ne alati hautaani hellisi
Merien neito rannalla kellisi
Aavalta laulu kantautuis

Tyynyksi aallotar hautaani luulisi
Kuohujen seasta kutsuni kuulisi
Minulle ehkä antautuis

Et la même en version originale (vous entendez..., la voix de Brassens):

La Camarde qui ne m'a jamais pardonné,
D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez,
Me poursuit d'un zèle imbécile,
Alors cerné de près par les enterrements,
J'ai cru bon de remettre à jour mon testament,
De me payer un codicille.

Trempe dans l'encre bleue du Golfe du Lion,
Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion,
Et de ta plus belle écriture,
Note ce qu'il faudrait qu'il advint de mon corps,
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord,
Que sur un seul point : la rupture.

Quand mon âme aura pris son vol à l'horizon,
Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson,
Celles des titis, des grisettes.
Que vers le sol natal mon corps soit ramené,
Dans un sleeping du Paris-Méditerranée,
Terminus en gare de Sète.

Mon caveau de famille, hélas ! n'est pas tout neuf,
Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf,
Et d'ici que quelqu'un n'en sorte,
Il risque de se faire tard et je ne peux,
Dire à ces braves gens : poussez-vous donc un peu,
Place aux jeunes en quelque sorte.

Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus,
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux,
Une bonne petite niche.
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins,
Le long de cette grève où le sable est si fin,
Sur la plage de la corniche.

C'est une plage où même à ses moments furieux,
Neptune ne se prend jamais trop au sérieux,
Où quand un bateau fait naufrage,
Le capitaine crie : "Je suis le maître à bord !
Sauve qui peut, le vin et le pastis d'abord,
Chacun sa bonbonne et courage".

Et c'est là que jadis à quinze ans révolus,
A l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus,
Je connus la prime amourette.
Auprès d'une sirène, une femme-poisson,
Je reçus de l'amour la première leçon,
Avalai la première arête.

Déférence gardée envers Paul Valéry,
Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris,
Le bon maître me le pardonne.
Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens,
Mon cimetière soit plus marin que le sien,
Et n'en déplaise aux autochtones.

Cette tombe en sandwich entre le ciel et l'eau,
Ne donnera pas une ombre triste au tableau,
Mais un charme indéfinissable.
Les baigneuses s'en serviront de paravent,
Pour changer de tenue et les petits enfants,
Diront : chouette, un château de sable !

Est-ce trop demander : sur mon petit lopin,
Plantez, je vous en prie une espèce de pin,
Pin parasol de préférence.
Qui saura prémunir contre l'insolation,
Les bons amis venus faire sur ma concession,
D'affectueuses révérences.

Tantôt venant d'Espagne et tantôt d'Italie,
Tous chargés de parfums, de musiques jolies,
Le Mistral et la Tramontane,
Sur mon dernier sommeil verseront les échos,
De villanelle, un jour, un jour de fandango,
De tarentelle, de sardane.

Et quand prenant ma butte en guise d'oreiller,
Une ondine viendra gentiment sommeiller,
Avec rien que moins de costume,
J'en demande pardon par avance à Jésus,
Si l'ombre de ma croix s'y couche un peu dessus,
Pour un petit bonheur posthume.

Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon,
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon,
Pauvres cendres de conséquence,
Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant,
Qui passe sa mort en vacances.

Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la plage en rêvant,
Qui passe sa mort en vacances